Boulot-attitude (Lorie was wrong)
Comme ma prestation orale, en dehors d'une scène, équivaut celle d'une nouille trop cuite, c'est grâce à mes écrits que j'ai pu décrocher cet enthousiasmant stage de rédaction dans un théâtre sympa. La secrétaire générale me chapeaute de son énergie passionnée, doublée d'un regard quelque peu condescendant sur chacune de mes tentatives de causerie balbutiante. Elle garde un large sourire, dans lequel je lis noir sur blanc « Contente-toi d'écrire, va... ». Comme c'est ce que je demande, ça me va, et je me perds dans l'admiration de ce remarquable modèle de direction et de prestance inébranlable, en groupie ingénue. À ses côtés, je me sens déborder de candeur, si fort qu'il semble qu'on me pardonne un peu l'inscription « stagiaire » qui colle si adorablement à mon front inexpérimenté...
Aujourd'hui, donc, elle a appelé
pour la convention. Un échange ultra-bref, ultra
conventionnel, justement.
C'était vers 14 heures.
Il est maintenant 23 heures passées.
...
<< De
quoi avait l'air mon Bonjour téléphonique?
Oh mon dieu, j'ai été si froide! Peut-être
aurais-je dû proposer de venir en personne... Si
ça se trouve, il y avait un piège dans son Comment
allez-vous?! N'a-t-elle pas eu un très léger
ricanement, à un moment donné..? Peut-être un
rictus... Son C'est d'accord m'a semblé un peu acide, comme s'il y avait du Cette-petite-est-affligeante concentré dedans, non?
Oh mon dieu, c'est évident, je ne suis pas réellement à la hauteur. >>
C'est un fait, elle me terrorise.