L'infidèle
Parfois, il arrive qu'on fasse des choses dont on ne se sent pas très
fière. Même en tant que Grande Greluche. Ça vient sans prévenir, on ne
s'en serait jamais crue capable, on pensait que ça n'arrivait qu'aux
autres, on s'en indignait pour peu qu'on nous en parle... On jurait de
ne jamais passer par là. On était convaincue. Et quand ça arrive, on
peine à y croire.
Je pourrais dire que ce n'est pas de ma faute, que cette entrée en
master, les évènements qui s'enchaînent, cette vie où tout arrive d'un
coup m'ont prise de court. Que je ne maîtrisais plus grand chose, que
tout est allé si vite... Que je n'ai rien vu venir. Que quelque part,
je me suis sentie piégée. Je pourrais même finir par dire qu'on m'a
forcée la main...
J'ai essayé de résister. D'être forte, de ne pas y penser, de rester rebelle dans mon obstination de fidélité.
Mais ça ne servirait à rien, puisque le mal est fait.
J'ai flanchée.
J'ai été faible, pire, je me suis montrée lâche.
Je l'ai fait.
Oui, je vous ai trompés.
Et puisque j'ai décidé de tout vous dire, c'est là que vous pourrez
aller voir l'Autre, ce blog d'actu "dont vous choisirez un sujet" que
j'alimente en cachette, au lieu de me consacrer à vous...
Et maintenant, vient le temps de la question fatidique, celle qui fait
mal et qui tord le ventre, mais qui s'impose, inévitable, cruelle :
On continue, ou vous voulez plus de moi ?
(Le mascara, outil indispensable de l'Infidèle,
donnera à son discours le relief pathétique
que les tragédiens grecs avaient déjà mis au point avant elle)