Il y a bien longtemps...
Vivait une Petite Greluche. "Petite Greluche", au fond, c'était une greluche de la même taille que de nos jours (bon, disons un demi-centimètre en moins), avec la même couleur de cheveux bizarre (quoiqu'un peu plus claire), et la même vision du monde digne d'un film raté, hybride d'un univers Burtonien où aurait marché Gondry sans le faire exprès, et où quelqu'un qui n'a rien à faire là, comme Godard ou Resnais, ou Lynch (plus probable), voire Eddy Murphy (dans le rôle de l'âne) ou Jack Black (avec un vague air de panda) aurait éternué pour brouiller les pistes et foutre le bordel. Mais je m'égare.
Le Petite greluche, pourtant, était différente de la Grande que nous connaissons, et cela sous deux aspects :
À la place du Grizzly d'aujourd'hui, il y avait un trou dans son palpitant de greluche
Jamais encore, elle n'avait goûté aux joies des sushis (mais ceci est une autre histoire)
La Petite Greluche, donc, s'adonnait
sans cesse au pêché du trainassâge sur le net le soir au
fond du sombre bureau parental (Si l'informatique était plus
vieux, y'aurait certainement toute une tartine dessus dans la Bible,
dans le ton : « À WOW après minuit, tu ne
joueras point » (je ne joue pas à WOW, mais j'ai fait pire) Mais ça n'aurait pas marché,
parce qu'en voulant confesser leurs inévitables écarts,
les geeks auraient trouvé la cabine vide, le prêtre
étant entrain de s'offrir une ribambelle de nénettes
aguicheuses sur Second Life – qui, aurait-on découvert,
n'étaient autres que des collègues de Mère
Theresa, ce qui aurait finit par faire couler la boîte.)
Et, même si l'on a grand peine à le croire, Petite Greluche parcourait avidement les sites de rencontres qui constituaient l'un de ses terrain de jeu favoris. Elle y passa de longues heures à échanger des propos incongrus avec des gens fascinants. Elle se constituait ainsi un monde virtuel, dans lequel elle abordait de nombreux spécimen d'une onomatopée bien ajustée. Cependant, les yeux sévères de la justice divine suivaient ces frasques avec courroux. Et il fut écrit que jamais Petite Greluche ne devait y trouver l'âme Soeur, ni l'âme Frère; mais l'âme Outarde lui monta au nez quand l'âme Isère se fit sentir, l'âme Oitié des sites devenant alors l'âme Entablement payants.
Elle en garda le souvenir de bons
fous-rires, mais aussi de frissons d'effroi pur face à des
types (quoique?) fous, avides de danser le tango des orteils devant
leur webcam, et nus, comme le laissaient présager leurs longs
messages enflammés - « Dial hot? » - aux
allures subliminales. Jamais les chastes yeux de la Petite Greluche
ne furent cependant offensés, et elle continua pour toujours à
penser qu'il s'agissait de charades mystérieuses, issues d'un
dialecte ancestral, lointain, où « j'suis chaud »
et « célib? » ponctueraient les phrases
comme une coutume de salut candide.
The End
...
Et puis un jour, Grande Greluche
retrouve sa vieille boîte à messages sur l'un des sites
en question qui continue à spamer gaiement sa Boîtàspam. Et décide que, quoi qu'on en dise, les pauvres
égarés qui croisaient autrefois son chemin avaient une chance
folle. (Noir, les trois coups retentissent, lever de rideau):
Pauvredelui.1
Je serai ravi de faire ta connaissance
et de dialoguer avec toi ,au plaisir de te lire, et a très
bientot...
Petitegreluche alias Citrouille (oui, rhô)
Ratatouille.
Voilà, mais
c'est l'inspiration, ça.... ^^
Pauvredelui.1
Citrouille, ratatouille, quel joli
potager...j'improvise...une correspondance qui va être
passionnante.. Je le sens ..
Citrouille
Ratatouille de citrouille n'a pas la
même bouille qu'une citrouille qui rouille,
évidemment...
plof!
pluk!
Scrabouilleur écrabouillé
à la bouille bleue.
Fin de l'acte. Rideau.
Postface: Paix à son âme. Et un plateau de sushis à qui dégaine une photo de sa tête au moment de la lecture...
Un autre, parce que je suis sans pitié :
Pauvredelui.2
What's up?
Citrouille
Blops.
Je sais que je la ressors
mais elle s'y prête tellement...
Et comme dirait un célèbre philosophe, tant de fois copié, jamais égalé:
What else?