Mon plumeau est à vot' service
Au milieu des neuf mètres carrés de mon espace rien qu'à moi, je grignote des yeux mon blog. J'y cherche des trucs et des morceaux de bidules pour un cours de récit de vie. J'ai choisi d'expliquer à Maud, mon oreille attentive, comment s'est construite ma vie de grande soeur modèle (j'entends rire, oui, toi, au fond de la salle, installe-toi sur la chaise électrique, et attends sagement que j'vienne m'occuper de toi.). Il y a bien, quelque part dans ce blog en vrac, quelques anecdotes qui vont lui permettre de cerner notre relation basée sur les mini-jeux Mario et les conversations décisives sur l'emploi du mot "grognasse" en société...
Et je constate que je vous abandonne. Et ça me navre.
J'ai deux mille excuses pour ce phénomène, mais pas une n'est valable. Disons juste que Grande Greluche, à défaut de disparaître complètement, s'est faite toute petite pour mieux apprécier la grandeur du monde.
Il y a plusieurs mois de cela, Grande Greluche poussait avec appréhension la porte d'une petite enseigne d'écrivains publics du 18ème arrondissement au nom prometteur.
Chez Mon Plumeau Est À Vot' Service, donc, le tintement d'un petit mobile de porte retentit, et je ne pouvais pas me douter alors à quel point ce tintement me deviendrait familier.
La Présidente de l'univers me toisa brièvement de son oeil acéré, et derrière les sourcils sévères, tout au fond de cette mine implacable, entre deux mots tranchants, je repérais avec stupéfaction la lueur manifeste d'une... maman gâteau. Dès lors, et malgré mon silence et mon air timide, je ne devais plus jamais être impressionnée par la bouille stricte de la Présidente de l'univers. L'ayant compris, elle traita les formalités administratives d'un geste agacé, et j'en ressortis "stagiaire".
Mon intrusion dans le petit monde de Mon PLumeau Est À Vot' Service se fit rapidement.
Le public entrait dans le bureau tenu par un bénévole, et remarquait, tout à gauche, une petite bouille inhabituelle qui notait, questionnait, proposait. Le public souriait à la bouille pâle d'un air indulgent.
Un beau jour, le public pénétra le bureau, et resta décontenancé en constatant que le bénévole avait disparu, et que la bouille avait négligemment pris ET sa place ET de l'assurance. Le public fut méfiant. Mais comme la bouille souriait toujours, le lien se tissa, fragile mais si... réconfortant. La bouille rendit service du mieux qu'elle le pouvait. Elle écrivit des lettres, des lettres et des lettres...Et encore des lettres, et puis d'autres lettres auxquelles s'ajoutaient de nouvelles lettres.
Parallèlement, la bouille intégra le sous-sol de l'enseigne, le repaire des petites mains qui s'agitent avec organisation.
La Chef du monde souterrain aux longs cheveux, Magda, orchestre tout en sautillant, du monde d'en haut, au monde d'en bas. Tout lui est communiqué, elle check, on s'incline.
La discrète Priscilla court après les bénévoles, tente tant bien que mal de les attrapper dans son filet à papillons pour rédiger l'emploi du temps, mois par mois. Elle écope de nouvelles responsabilités qu'elle gère, sans vraiment y croire, très bien.
Guenièvre lit et relis, note et compile. Et tente vainement d'échapper aux prétendants du monde d'en haut qui la traquent. Guenièvre est multilingue, mais chhhhut...
Joséphine, ingénieuse et diplomate, tente de faire passer des tas de messages... Elle s'occupe aussi des problèmes matériels. Grâce à elle, un porte-parapluies complexé n'est désormais plus pris pour une poubelle. Joséphine est la gardienne des Bons Points.
La stagiaire que j'ai été, sous l'aile de Mon Plumeau Est À Vot' Service, a grandit. Car elle a vu tout cela, et tellement plus...
Mais chhhhuttt...