Amphi-plage

23 mai 2008

Les enfants, je ne sais par où commencer.

En même temps, c'est la faute à la Greluche, disparaître comme ça sans crier gare, quelle idée saugrenue/stupide/ridicule..!

Bon, c'est ma faute, c'est ma très grande faute, il n'empêche que les fils tricotant le pull de ma vie partent dans tous les sens. Vous avais-je déjà mis en garde que je ne sais pas tricoter? Vous comprendrez donc mon embarras.

Commençons donc par là ou je vous ai lâchement abandonnés.
A savoir l'épisode du partiel.
Oui, LE partiel. Le dernier. The last but not the least.

Il avait lieu de 14 à 17 heures. Soit l'heure de la digestion, de la sieste, du bullage intensif. Et en plus, il faisait beau (je replace le contexte pour ceux qui vivent dans une grotte, au pôle nord, en équateur... : l'été se fait furieusement sentir).
Les étudiants débarquent en tongs, en mini robes, en marcels, et j'en passe et des meilleures. S'installent avec une nonchalance détendue, échangent d'un bout à l'autre de la salle leurs occupations d'été à venir ("Moi, je glande et toi? -Je fais rien!"). Il faut dire que nous nous préparons à nous confronter au dernier sujet de Mabon Dam. Un sujet sans aucun doute encore chaud de la veille, qui a certainement germé à son esprit entre deux verres de vodka pure, et cinq de caféine hyper concentrée. Un sujet aussi imprécis que les trois derniers, aussi vide de sens que notre cerveau de choses à dire pour le développer. Donc forcément, l'ambiance est à la rigolade.

Mabon Dam lui-même est là, sautillant tel un fou du roi, corrigeant des copies de partiels qu'il prend soin de décacheter avant de les lire et jouant ostensiblement à pile ou face les notes qu'il y appose.
(ndla : Tout ceci est purement, strictement, sincèrement véridique.)
Le ton était donné.
Les sujets distribués, les conversation d'une rangée à l'autre reprennent de plus belle.
"Ouao, sympa!
-Hey, c'est une vraie question avec un point d'interrogation!
-Bon, j'imagine que le réponse est "oui, le théâtre a quand même un sens quand l'acteur n'a plus de texte à dire"?
-La réponse officielle, ouaip, parce qu'en vrai, c'est simplement de la masturbation intellectuelle....non?"
Nous nous taisons un peu, rassurés de voir que nos grands esprits se rencontrent encore.

14h15, Je grifonne quelques mots, plante mon stylo entre mes dents, entreprends d'observer ce monde qui m'entoure pour la dernière fois avant quelques mois.

14h30, trois mots en moyenne recouvrent chaque feuille de brouillon. La porte s'ouvre avec fracas, il en surgit une étudiante essoufflée. Affolée, elle se rue sur les feuilles d'examens posées à l'entrée, en prend une poignée. S'affale au premier rang, haletante. S'installe et lit le sujet, hors d'haleine. Il faudra dix bonnes minutes pour que sa respiration ne couvre plus les nôtres.

15h00, le second prof qui nous surveille surgit à son tour, les bras chargés de gobelets et de bouteilles d'eau. "Si vous avez soif...". Le truc à ne pas dire. Le partiel devient officiellement open bar. Chloé se lève, annonce "je fais le service!!!", les étudiants dégringolent par dizaines des marches de l'amphithéâtre, remontent, se passent des verres...

15h45, les gens de la rangée de gauche font une holà parfaite. Assez silencieuse, cependant, pour être discrète.

16h00, la moitié des gens s'apprêtent à rendre leurs copies. Je décide qu'il serait bien que j'entame ma deuxième partie. Je baille.

16h30, la salle est presque vide. Ceux qui restent se resservent de l'eau. Sauf les trois du premier rang, qui entament leur cinquième page.

16h45, je signe la feuille d'émargement. Je sors, regarde béatement autour de moi...